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Automobile et change : Abdellatif Jouahri désavoue Moulay Hafid Elalamy et Boussaid

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Au moment même où Moulay Hafid Elalamy et Mohamed Boussaid signaient avec Pietro Gorlier, PDG de du groupe industriel italien Magneti Marelli, un accord pour la construction à Tanger d’une usine destinée à produire des composants mécaniques et électroniques pour automobiles, d’un montant de 37 millions d’euros, le gouverneur de Bank al-Maghrib annonçait, lors d’une conférence de presse tenue à Rabat après la réunion du Conseil de l’Institut d’émission, que la construction automobile avait atteint ses limites et sa «pleine capacité» d’exportations, et entamé une phase de recul de l’ordre de 1%. Un grand camouflet pour MHE qui annonçait en juin dernier que le Maroc tablait sur une capacité de production d’un million de véhicules à l’horizon 2020 contre 650 000 actuellement.


Signé en grande pompe hier mardi, l’accord avec Magneti Marelli a constitué un gage de confiance du géant italien dans l’industrie automobile au Maroc, portée par les chinois et les français essentiellement. Dans une première étape, et au début de ses activités dont le lancement est prévu pour 2019, l’usine Magnetti Marelli aura une capacité de production d’environ 6 millions de pièces et contrôlera toute la zone d’Afrique du Nord.
Bien avant Magnetti Marelli, plusieurs géants mondiaux de composants automobiles ont fait confiance au Maroc et sont déjà installés soit à Tanger, à Casablanca ou à Kénitra et approvisionnent régulièrement le secteur local dont la production est principalement destinée à l’export. On citera, à titre d’exemple, Electroplast, ou le chinois Xiezhong, l’américain Lear Corporation Automotive, le marocain Dolidol, les espagnols Jobelsa et Hispamoldes ou les Allemands Knauf et Leoni.

 

Sauf que les déclarations du gouverneur Jouahri viennent remettre fondamentalement en question tout l’optimisme de Moulay Hafid Elalamy. Si la capacité de construction est en saturation comme l’annonce le patron de la Banque centrale et que le secteur a atteint son «plafond en terme d’exportation», l’écosystème automobile si cher à Moulay Hafid Elalamy trouvera du mal à se davantage développer au Maroc et cherchera inéluctablement d’autres marchés.

«Les taux envisagés ont atteint leur pleine capacité» selon Jouahri, le marché est «toujours extensible» selon MHE, qui croire ?

Les opérations de couverture pas toutes liées à de vraies opérations commerciales

D’autre part, et revenant sur la polémique du mois de juin dernier concernant les opérations de couverture à l’international qui ont fait perdre au Maroc quelque 44 milliards de dirhams, Abdellatif Jouahri persiste et signe : «Les opérations de couverture constatées au niveau du système bancaire n’étaient pas toutes adossées à de vraies opérations commerciales» lançant la balle dans le camp de banques qui ont exécuté des opérations «à la demande de la clientèle», poussant le gouverneur Jouahri à s’interroger solennellement : «Mais doivent-elles [appliquer les demandes des clients] même lorsqu’elles violent la réglementation des changes?»

Toujours selon Jouahri, l’Office des changes a effectué une inspection, et un rapport est attendu dans ce sens. D’ailleurs, depuis le 8 août, «les banques ne font plus de demandes de devises, elles ont déjà été servies» martèle un Jouahri en colère.

Et concernant l’annulation de sa conférence de presse conjointe avec le ministre Boussaid, le gouverneur Jouahri a clairement expliqué que « le gouvernement avait mis du temps à être constitué et que, pendant de longs mois, Bank Al-Maghrib a donné l’impression d’être seul à la manœuvre, d’être le seul à prendre la parole.» Pour clore la polémique, Abdellatif Jouahri a tranché : « Bank Al-Maghrib est respectueux des textes et des lois (…) mais la décision politique revient au gouvernement.»

Abdellah El Hattach

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