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Afrique-Russie : La percée de Moscou

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La Russie a le vent en poupe en Afrique. Forte du fait qu’elle n’a jamais été une puissance coloniale dans le continent, qu’elle a soutenu les luttes pour l’indépendance des nations africaines, qu’elle respecte la souveraineté des Etats et qu’elle n’a jamais pillé les ressources naturelles dans cette région, la Russie à travers son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov, essaie d’avancer ses pions en Afrique et y réussit assez bien. Au cours des deux dernières années, la Russie a donné un coup de fouet à ses relations avec plusieurs pays africains qui étaient tombées en désuétude après la fin du régime soviétique.

Plusieurs chefs d’Etat africains ont visité Moscou comme le Président soudanais Omar Al-Bachir, en novembre 2017, le président centrafricain Faustin Archange Touadéra en mai 2018, celui du Rwanda, Paul Kagamé en juin, du Sénégal en juillet et le Zimbabwéen Emmerson Mnangagwa au début de cette année. Aujourd’hui, le ministre des affaires étrangères de Sierra Leone effectuera une visite à Moscou pour « discuter de la situation sur le continent africain, y compris de la résolution des conflits armés ». Pour sa part, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, vient d’achever une tournée dans le continent qui l’a conduit en Algérie, au Maroc et en Tunisie.

Booster les relations avec l’Afrique

En parallèle, Moscou multiplie les initiatives pour renforcer sa présence en Afrique. C’est ainsi qu’en octobre 2018 a été organisé le premier Forum social russo-africain en prélude au premier forum d’affaires, et surtout au premier Sommet Afrique-Russie, qui devrait avoir lieu en octobre 2019. Ce dernier sera abrité par la ville de Sotchi, au bord de la mer noire avec la participation de chefs d’Etat et d’opérateurs russes et africains pour renforcer la coopération avec le continent noir. Signant son « grand retour » en Afrique, la Russie entend maintenir le même trend. Selon Anton Kobyakov, conseiller du président Vladimir Poutine, «les événements à venir seront sans précédent dans les relations entre la Russie et les pays africains. Ils vont être un vecteur pour le développement de contacts multilatéraux pour les prochaines décennies ».

Un premier forum économique Russie-Afrique

Liée par des accords de coopération militaire avec 16 pays africains, la Russie a les capacités nécessaires, la puissance et l’expérience pour aider les pays africains à se développer. En tant que second producteur d’armes au monde, les Russes ont beaucoup vendu sur le continent. L’année 2019 a été qualifiée d’année de l’Afrique par certains médias spécialisés. L’agence russe, Rosobonexport, créée par décret en 2001 et sous le slogan « Make Africa Safe », a participé du 22 au 24 janvier au Salon international sur la sécurité et la défense « Shield Africa 2019 » qui s’est tenu à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Son directeur général, Alexandre Mikheiev a affirmé connaître les besoins et travailler avec succès avec la Communauté de développement de l’Afrique australe et le G5 du Sahel. En se positionnant comme une alternative aux anciennes puissances coloniales, la Russie «fournit une assistance multiforme aux partenaires africains pour la résolution des conflits internes, et la lutte contre la menace terroriste, dont la propagation s’est intensifiée après les événements bien connus en Libye» Lundi 29 janvier, le Kremlin reconnaissait même la présence d’experts militaires russes au Soudan. Sans parler de la présence, dans plusieurs pays africains, dont le Soudan et la république Centrafricaine, de mercenaires russes travaillant pour le groupe privé Wagner et appartenant à un homme d’affaires proche du Kremlin, à l’instar de la société américaine Blackwater Worldwide qui avait notamment travaillé en Irak et en Afghanistan.

Un partenaire fiable sur le plan sécuritaire

En mars 2018, la tournée de Sergueï Lavrov et de Nikolaï Patrouchev, président du Conseil de sécurité nationale russe, avait permis de porter ce message dans plusieurs capitales africaines. Sous le prétexte de « lutte contre le terrorisme », Moscou a effectué un déploiement militaro-diplomatique qui a irrité certaines puissances, notamment la France en République centrafricaine. Tout en proposant des armes à prix bas et avec de longues lignes de crédit, la Russie s’évertue à gagner la confiance des dirigeants africains. En 2018, elle a annulé 20 milliards de dollars de dettes au profit de plusieurs pays africains. D’autres Etats ont vu leur dette annulée contre des investissements russes dans l’énergie, les ressources naturelles, voire l’agriculture.

A vrai dire, la Russie n’est pas la seule à essayer de percer sur le plan de la coopération sur le continent. La Chine, Israël, l’Inde, la Corée du Sud sont aussi dans la course. La ruée vers l’Afrique s’annonce rude. Une chose est sûre, les puissances coloniales sont en baisse de régime dans cette course.

Abdelali Darif Alaoui est diplômé de l’Institut français de presse (IFP) de Paris et de l’Institut supérieur de journalisme de Rabat. Après avoir entamé sa carrière dans l’audiovisuel (SNRT), il a changé son fusil d’épaule pour travailler dans la presse écrite hebdomadaire. Tout au long de son parcours, ce journaliste polyvalent a travaillé dans plusieurs rédactions dont celles de Maroc Hebdo International, Challenge Hebdo et Le Reporter.

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