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Adhésion du Maroc à la CEDEAO : la fin de l’UMA

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Le désir annoncé par le Maroc de rejoindre la CEDEAO en qualité d’adhérent à part entière, constitue un événement géostratégique et économique d’ampleur majeure, impactant non seulement l’ensemble de la région MENA mais également tout le pourtour méditerranéen.

Elle intervient à un moment où le royaume a pris, de facto, des distances avec l’Union du Maghreb Arabe en situation de mort clinique, mais non sans que Rabat ait fourni tous les efforts possibles pour redonner vie à l’espace maghrébin, mais la volonté presque nulle de certaines de ses parties a fait avorter le processus de réanimation de l’UMA.

Si, sur le plan juridique, la demande d’adhésion à la CEDEAO dont a été informée Ellen JOHNSON SIRLEAF, Présidente du Liberia et Présidente en exercice de la Communauté Economique des Etats d’Afrique de l’Ouest, est en conformité avec les dispositions du Traité fondateur de cet espace économique de l’Afrique de l’Ouest, il est clair que, sur le plan politique, cette décision dévoile l’étendue et la portée de la vision du Roi Mohammed VI et Sa stratégie – après le retour à l’Union africaine – de greffer organiquement le Royaume à son continent, sur les plans politique, économique, culturel et de sécurité.

La demande d’adhésion à la CEDEAO n’est ni fortuite, ni une surprise. Elle s’inscrit en droite ligne avec la logique royale dont Sa Majesté a donné le tempo lors du discours prononcé par le souverain devant l’Assemblée générale de l’Union Africaine à Addis Abeba, dans lequel il a pointé du doigt les faiblesses et le retard de l’UMA par rapport à la puissance de la CEDEAO, et ce dans des termes forts et très explicites :
«Dans le cadre d’une collaboration éclairée, le Maroc, acteur économique de premier plan en Afrique, deviendra un moteur de l’expansion commune. Force est de constater que la flamme de l’UMA s’est éteinte, parce que la foi dans un intérêt commun a disparu ! L’élan mobilisateur de l’idéal maghrébin, promu par les générations pionnières des années 50, se trouve trahi. Aujourd’hui, nous constatons avec regret que l’UMA est la région la moins intégrée du continent africain, sinon de toute la planète : Alors que le commerce intra-régional s’élève à 10% entre les pays de la CEDEAO, et à 19% entre les pays de la SADEC, il stagne à moins de 3% entre les pays du Maghreb. De même, tandis que la Communauté Economique d’Afrique de l’Est avance dans des projets d’intégration ambitieux, et que la CEDEAO offre un espace fiable de libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, les pays du Maghreb sont, eux, à un niveau de coopération économique très faible.»

Et pour joindre les actes à la parole, le Maroc a précédé cette demande d’adhésion à la CEDEAO par l’annonce de la construction d’un gazoduc géant qui reliera le Nigéria au Maroc à destination de l’Europe et qui traversera tous les pays de la CEDEAO et d’autres d’Afrique occidentale. Ce qui permettra non seulement de faire du Maroc une plateforme éco-industrielle de choix sur le plan régional et international, mais aussi permettra à Casablanca Finance City de (re)trouver une certaine envergure régionale et continentale, face à la féroce concurrence de places financières comme Dubaï ou Doha.

Car il n’est plus possible pour le Maroc de continuer dans le “rêve maghrebin” alors que la Libye, divisée en quatre, vit dans un chaos total, la Tunisie est en pleine crise institutionnelle et sécuritaire, la Mauritanie se cherche encore et une Algérie qui est au bord de l’asphyxie et de ‘implosion . Le Royaume, qui aspire à des horizons de développement les plus ambitieux, a donc choisi cette option d’intégration régionale à travers la CEDEAO, laquelle formera avec le Maroc un maillon solide et prospère de la chaîne économique euro-africaine, et permettra à toute la sous-région de consolider ses richesses et en faire une puissance économique, dépassant la Turquie et s’approchant de l’Indonésie en termes de PIB, à même d’intégrer le top 20 mondial et, pourquoi pas, à terme, solliciter un siège au sein du G20.

Le nouveau Président de la Commission de la CEDEAO, Marcel de SOUZA, a effectué une visite de travail et d’information au siège de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM) à Abidjan, le mardi 21 juin 2016

Ainsi, avec la proximité de l’Europe, le Maroc, via la place casablancaise, saura être un véritable hub financier transrégional qui jouera, sans aucun doute, un rôle structurant pour canaliser tous les flux financiers entre l’Europe, l’Afrique occidentale et l’Afrique de l’est.

Par cette adhésion, le Maroc concrétisera ainsi sa disposition à contribuer à la stabilité, au progrès économique et au développement humain des pays de la CEDEAO et relever, solidairement et conjointement avec eux, les défis auxquels la région est confrontée.

 

Abdellah EL HATTACH 

 

 

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