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Sa Majesté au Soudan du Sud : l’Egypte dans tous ses états

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Sa Majesté le Roi Mohammed VI a débuté cet après-midi, à Juba, une visite officielle en République du Soudan du Sud, la première effectuée par le Souverain dans ce pays de l’Afrique de l’Est.
Longtemps hostile à l’intégrité territoriale du Royaume, le Soudan du Sud commence à reconsidérer, graduellement et positivement, ses positions vis-à-vis du Maroc.

D’ailleurs, Rabat, et sur hautes instructions royales, a érigé sur place, depuis plus d’une semaine un hôpital militaire de campagne pour venir en aide aux populations précaires et défavorisées du pays, gage d’un renouveau politique dans les relations bilatérales entre les deux pays.

Il faut reconnaître aussi, que lors des travaux du 28e Sommet Africain, le Soudan du Sud, et sur pression de l’Egypte, s’est trouvé entre le marteau et l’enclume, et n’a pu clarifier sa position quant au retour du Maroc au sein de l’UA. Il aura fallu tout le savoir-faire de Nasser Bourita et Mohamed Yassine Mansouri, chapeautés par le Conseiller du souverain, Fouad Ali El Himma, pour faire revoir sa copie au Soudan du Sud : l’objectif de l’Egypte était de faire capoter la visite de Sa Majesté à Juba.

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Les relations entre Le Caire et Rabat ne sont pas au beau fixe. L’Egypte ne voit pas d’un bon œil le retour du Maroc au sein de l’Union africaine. Non pas qu’ils bloquent le mécanisme de réintégration, ont tout fait pour ralentir celui-ci en mettant en avant certaines dispositions obsolètes de la défunte OUA et, plus grave, en reconnaissant à la pseudo-RASD le statut de “pays fondateur” de l’UA.

Les relations en dents de scie entre l’Egypte et le Maroc connaissent, depuis quelque temps, une certaine crispation et, rappelons-nous, qu’au mois d’octobre dernier, Le Caire recevait la visite d’une “délégation parlementaire” du Polisario, à l’occasion d’une conférence parlementaire arabo-africaine à Charm el-Cheikh.

Cette attitude non amicale vis-à-vis du Maroc a plusieurs explications. La première concerne la crise profonde qui ronge les relations entre l’Egypte et l’Arabie saoudite. Le Caire cherche à régler ses comptes avec Ryad par ricochet via Rabat car elle estime que la proximité historique entre le Maroc et l’Arabie se fait à ses dépens. L’autre explication tire son origine dans le développement grandissant des relations géoéconomiques entre le Maroc et l’Ethiopie à travers les accords agricoles, des phosphates et, surtout, ceux ayant trait à la gestion de l’eau : le grand barrage An-Nahda (la Renaissance) bâti en Ethiopie est une grande problématique en Egypte qui y voit un acte belliqueux car il régule le débit du Nil au profit de petits agriculteurs éthiopiens et sud-soudanais, alors que l’Egypte avait, historiquement, le monopole sur ces questions.

La rancœur de l’Egypte dépasse souvent ces considérations politiques et économiques, et voit dans la dynamique de Sa Majesté une concurrence à son ‘leadership’ continental. En effet, après la mort du colonel Kaddafi, et la vacance du pouvoir militaire en Algérie, les militaires égyptiens, à leur tête le ‘maréchal’ Al-Sissi, cherchent à manipuler certains pays africains au profit d’une hégémonie du Caire. Mais le travail humaniste du Roi, sincère, désintéressé, et sur le terrain, a fait basculer les équilibres géopolitiques au profit d’un Maroc généreux et fédérateur.

Et la réponse à toutes ces supputations, est venue d’une manière solennelle et claire dans le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, lors de l’ouverture des travaux du 28e Sommet africain tenu hier à Addis-Abeba : « Certains avancent que, par cet engagement, le Maroc viserait à acquérir le leadership en Afrique. Je leur réponds que c’est à l’Afrique que le Royaume cherche à donner le leadership. »

Le Maroc est désormais ami et allié de toute l’Afrique, occidentale, orientale, septentrionale et australe. Et la visite que débute aujourd’hui Sa Majesté au Sud Soudan, que l’Egypte estime faire partie, à côté du Soudan et de l’Ethiopie, de son périmètre géopolitique et d’influence économique, est une réponse, à qui de droit, que l’Afrique est désormais une et unifiée, et que seul paie le travail.

Abdellah El Hattach. 

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