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MBS au pied du mur…d’Aramco !

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Prévue initialement pour 2018, l’introduction en bourse du géant saoudien Aramco subit les soubresauts de contraintes juridiques internationales particulières et d’une situation géopolitique mondiale qui poussent vers un retard de quelques mois pour l’ouverture du capital de la compagnie pétrolière saoudienne. Cet étalement dans le temps vise également à ne pas provoquer de récession économique vu la lourde charge de l’opération. Valorisée à près de 2000 milliards de dollars, l’opération d’ouverture du capital, qui tient à coeur au prince héritier Mohammed Ben Salmane qui en fait son projet de règne pour financer la “Vision 2030”, risque de ne jamais voir le jour en raison d’une valorisation à la baisse du géant Armaco par certains fonds souverains qui ne sont pas prêts à mettre sur la table plus de 1000 milliards de dollars ( 1 trillion $ ), soit 50% de la valorisation initiale.


L’Arabie saoudite, qui espérait une ouverture en 2018 du capital de Aramco, a dû revoir son échéancier et table désormais sur 2019 ou 2020 sur ce qui allait être l’«entrée en bourse du siècle». Ryad tablait sur le placement de quelque 5% du capital de la compagnie, valorisée à près de 2000 milliards de dollars, ce qui aurait permis à Saudi Aramco de lever jusqu’à 100 milliards de dollars, un record historique.

Mais non seulement l’Arabie saoudite est confrontée aujourd’hui à un ralentissement de son économie sur fond de baisse du prix du pétrole mais aussi, et surtout, elle doit faire face au coût énorme des réformes de son plan géant de transformation de l’économie «Vision 2030» lancé et mené par le prince héritier Mohammed Ben Salmane Ben Abdelaziz en prévision de l’après pétrole.

Initialement, l’entrée en bourse d’Aramco ambitionnait une ouverture du capital dans les places financières de New York et de Londres mais la transparence de l’opération selon les lois et normes en vigueur aux Etats-Unis et au Royaume-Uni allait imposer au géant saoudien de divulguer et de rendre publique une quantité considérable d’informations, parmi lesquelles les niveaux de réserve, que les investisseurs ont hâte de connaître. Ryad n’étant pas prête à un tel niveau de transparence dans une cotation boursière internationale a préféré retarder l’opération et tenter une ouverture domestique sur Saudi Tadawul, la principale place saoudienne de Ryad, à titre transitoire ce qui permettra aux pouvoirs publics saoudiens de contrôler l’information et de procéder à une ouverture internationale crescendo pour éviter toute secousse ou turbulences.

Surtout qu’à New York, Aramco pourrait tomber sous le coup de la loi Jasta votée sous Obama et qui autorise les familles des victimes du 11-Septembre à poursuivre l’Arabie saoudite. Et toute ouverture du capital du géant saoudien pourrait être bloquée par n’importe quel juge américain qui, usant de ce pouvoir discrétionnaire, pourrait carrément causer la faillite du fleuron de l’Économie saoudienne. Ryad est en négociations avancées avec Washington sur ce dossier traité par MBS en personne avec les hauts responsables de la Maison Blanche et du Congrès américain.

Car il faut savoir que l’ouverture du capital de Aramco est la pierre angulaire de la «Vision 2030» en vue de remodeler l’économie saoudienne et réduire sa dépendance au pétrole.

Et même appréhension à Londres. Les saoudiens craignent qu’une cotation à la City ne débouche sur des procès en cascade de la part de la société civile britannique qui pourrait, éventuellement, traîner Aramco en Justice car appartenant à un gouvernement qui «viole les droits de l’Homme» et «ne respecte pas les droits des femmes».

Conseillée par un conglomérat de prestigieux cabinets comme JPMorgan Chase & Co., Morgan Stanley, HSBC Banque Plc, Moelis & Co. et Evercore Partners Inc., Ryad, par Saudi Aramco interposée, mène des négociations de haut niveau avec Londres et Washington pour lever tout équivoque sur la plus importante capitalisation de l’histoire et la mener en douce, sans soubresauts.

L’année 2018 est donc décisive. L’Arabie saoudite pourrait ainsi proposer des montages avec des Fonds souverains pour garder une certaine confidentialité de l’opération et éviter tout étalage au grand jour. Sauf que ces offres, auxquelles pourraient s’adjoindre les chinois et les russes, ne dépassent pas les 1000 milliards de dollars soit 50% de moins que le montant sur lequel tablait MBS, un coup dur pour le jeune prince saoudien. La Chine se dit prête à jouer un rôle clé dans cette opération étant donné son statut de gros investisseur mondial en hydrocarbures, mais toute offre en-deçà de 2000 milliards de dollars ruinerait les espoirs de MBS de voir se concrétiser «sa» «Vision 2030».

Le prince Mohammed Ben Salmane en a fait une affaire personnelle. Il tient fort à ce projet car il s’agit de l’élément fondamental de la «Vision 2030» qui lui tient à cœur : c’est le projet de son futur règne. Tout échec lui retournerait à la face tel un effet boomerang et signerait la fin précoce d’un prince ambitieux, surtout que toute la famille royale saoudienne n’est pas de son côté et ne le soutient pas nécessairement. D’ailleurs, le retour aux devants de la scène de l’ancien héritier au Trône, le prince Moqren Ben Abdelaziz, est un signal fort de l’aile dure de la famille régnante : tout faux mouvement du jeune MBS impliquerait systématiquement échec et mat pour ce dernier.

Abdellah El Hattach

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