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Mazars décroche une mission d’envergure auprès de Laprophan

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Ça bouge chez Laprophan. Après le recrutement d’un grand ponte des ressources humaines et d’autres profils pointus pour renforcer son comité de direction, Laprophan semble vouloir renouer avec sa gloire d’antan et fait ainsi appel aux services du Cabinet Mazars pour redorer son blason.

Le cabinet Mazars Maroc vient d’officialiser la signature d’un juteux contrat d’accompagnement stratégique auprès d’un des fleurons de l’industrie pharmaceutique marocaine, Laprophan. Les équipes d’Abdou Diop auront pour mission la définition de la vision stratégique et le plan de développement de ce groupe familial.

Il s’agira également pour Mazars de remettre sur orbite un acteur central de la santé publique au Maroc en modernisant ses procédures techniques et de production, en redynamisant ses mécanismes humains et administratifs et en donnant un coup de fouet à l’export.

Rétrospective

Après le décès en janvier 2008 de Abderrahim Bennis, Président fondateur de Laprophan, le premier opérateur marocain qui arrivait à emboîter le pas à la multinationale française Sanofi et sa filiale marocaine Maphar a, depuis, lâché un peu de lest à ses concurrents. En quelques années, le laboratoire s’est fait doubler par son rival historique Cooper Pharma en termes de chiffre d’affaire, et s’est vu concurrencer dans ses niches de marché -où il régnait en maître absolu (soluté par perfusion par exemple) par des acteurs plus petits : la dynamique Sothema et le trouble-fête Pharma 5.

Il s’agit là d’un véritable cas d’école dans le processus de succession au sein d’une entreprise familiale. Mais pour Laprophan, c’était presque du déchirement entre les frères Bennis, Farid le pharmacien, Ali le lobbyiste, et Hassan le marqueteur.

Après plus de quatre années extrêmement tendues entre l’aîné et le cadet d’une part et le benjamin pharmacien d’autre part, c’est enfin le plus déterminé d’entre les trois, celui qui en voulait le plus, à savoir le marqueteur Hassan Bennis, directeur général et vice-président du laboratoire pharmaceutique, qui a pris le destin de Laprophan en main.

Hassan Bennis voit grand et rêve de revoir à nouveau rayonner l’affaire familiale dans toute sa splendeur de l’époque. Tout d’abord, il décide de rompre avec un modèle de management et de gestion dépassés. Pour cela, il ne lésine pas sur les moyens pour attirer les meilleurs profils. Et c’est l’actuel vice-président Ressources humaines Afrique et Océan Indien du groupe Accor, Salim Ennaji, qui trône dans le haut de son tableau de chasse. Salim Ennaji, qui a également été DRH d’Alliances et de Véolia, prendra en charge les fonctions de Secrétaire Général de Laprophan. Il est considéré par ses paires comme une référence dans les métiers des ressources humaines, et il s’agit là pour lui d’une très belle promotion. Il fait partie de cette exceptionnelle génération de managers RH qui commence à s’imposer au niveau national, à l’image de Hicham Zouanat, responsable Développement RH chez SCBC, puis DRH de Centrale Laitière, propulsé DGA en charge des ressources humaines et de la Communication & Relations Publiques du groupe Colorado et qui n’est autre que la pièce maîtresse du patronat et l’homme incontournable au sein de la CGEM en charge de l’épineux processus du dialogue social.

Hassan Bennis veut son usine avec un œil sur l’Afrique

Le projet d’une usine High Tech, sur un site de 90000 m2 acquis dans la banlieue casablancaise, est dans le pipe depuis plusieurs années mais n’a pas encore réussi à voir le jour, ce qui n’est pas pour plaire à Hassan Bennis. Car en plus du financement bouclé et des équipes préparées, les concurrents ont été plus rapides et plus efficaces. Un argument qui s’ajoute à l’affaire de la propriété des brevets qui a disqualifié l’ancien président Farid Bennis.

Le nouvel homme fort de Laprophan rêve de conquérir davantage l’Afrique, même si le groupe pharmaceutique augmente annuellement son chiffre d’affaire à l’export vers les pays du continent. En face, la concurrence a mis en oeuvre des stratégies africaines plus offensive en phase avec les orientations royales. Cooper, par exemple, a été des voyages du souverain en Afrique et a signé en 2017 des conventions de construction d’unités de production en Côte d’Ivoire et au Rwanda, tandis que Sothema avait déroulé dès 2013 un plan d’action africain agressif et très ambitieux en comparaison avec sa taille et lorgnerait même un accès à l’Afrique Lusophone.

Raison pour laquelle, certainement, Laprophan a injecté du sang neuf à ses équipes de la communication et de l’exportation en la personne de jeunes loups, des Bennis troisième génération, fraîchement diplômés, pour donner un coup de fouet à cette stratégie africaine du groupe.

Et c’est dans cet environnement que les experts de Mazars auront à baigner pour accompagner le groupe vers un nouveau cap. Et le choix de Mazars n’est pas anodin. Son patron connaît le continent du bout des doigts, il a été presque de toutes les tournées de Mohammed VI en Afrique et sait pertinemment quelles sont les priorités du Maroc dans son développement industriel à l’international.

Déjà, en interne, Hassan Bennis a balisé le terrain. Il pense ainsi à révolutionner les outils de pilotage de Laprophan, avec la mise en place d’un ERP dans l’objectif de gagner à la fois en efficience et en efficacité et favoriser la transparence et les synergies entre les différents métiers et sites du groupe pharmaceutique.

Cette refonte de fond en comble balaie d’un revers de la main les rumeurs d’une possible cession du groupe pharmaceutique à Moulay Hafid Elalamy d’ailleurs très proche des Bennis.

Laprophan, un lobbyeur discret

Quelques initiés seulement connaissent le rôle très actif des frères Bennis et de Laprophan pour des opérations de lobbying.

En plus d’êtres des consuls honoraires de quelques pays, la fratrie Bennis soutient depuis des années le forum Crans Montana de Dakhla pour la promotion de l’intégrité territoriale du Maroc. Les Bennis ont également pris part au dîner de gala offert en l’honneur du Prince Moulay Rachid à l’occasion du 60ème anniversaire des Accords d’Aix-les-Bains.

D’ailleurs, Ali Bennis, membre du Cercle des ambassadeurs à Paris, est régulièrement sollicité pour renforcer les liens d’amitié franco-marocains par des missions ad hoc.

Ce monde de l’influence et du lobbying n’est pas non plus inconnu du Cabinet Mazars qui pilote plusieurs missions dans ce sens. Les deux parties, si elles arrivent à accorder leurs violons, réussiront sans aucun doute à relever le défi qui est le leur : redonner à Laprophan la place qui lui sied dans le secteur de l’industrie pharmaceutique marocaine et africaine.

Abdellah El Hattach

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