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Le gazoduc Africain Atlantique : échec et mat à Al-Amoudi

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Les spéculations battent leur plein quant à l’identité et la nationalité du potentiel repreneur de la raffinerie SAMIR suite à la faillite dans laquelle cette dernière a été placée par Mohammed Al-Amoudi qui a noyé le fleuron marocain de l’industrie pétrochimique dans des dettes atteignant 5 milliards d’euros. Mais le Maroc, qui semble avoir retenu les leçons de l’échec du partenariat avec Al-Amoudi, ne s’aventurera certainement plus dans des partenariats de gré à gré sans en avoir étudié, et d’une manière très approfondie, les tenants et aboutissants géopolitiques et géoéconomiques, et mis en place un dispositif strict de contrôle et de suivi.

Plusieurs noms ont été annoncés par le liquidateur de la SAMIR comme d’éventuels repreneurs, dont l’américain Anglo Energy, l’espagnol CEPSA, l’azerbaidjanais SOCAR et un autre (anonyme) représenté par l’italien Studio Mazzanti and Partners, avec des offres qui varient entre 2,5 milliards et 3,2 milliards d’euros, il n’en demeure pas moins que l’intention de ces repreneurs ne doit pas être prise au sérieux, pour la simple raison que la seule dette de SAMIR est évaluée à 5 milliards d’euros, soit deux fois la valeur actuelle annoncée du raffineur, et sont loin de répondre au cahier des charges strict du liquidateur dont la totalité des clauses n’a pas été communiquée au grand public.

Toutefois, ces offres ont permis de fixer une valeur plancher de la SAMIR, rassurant ainsi les collaborateurs de la raffinerie qui vivent des moments difficiles depuis deux ans et conforte la position du liquidateur face aux acquéreurs plus sérieux. Ainsi, l’issue de l’opération de liquidation reste incertaine, poussant même certains analystes jusqu’à évoquer une possible nationalisation supportée par le contribuable ou une cession au dirham symbolique à un opérateur local.

Mais l’extrême sensibilité du dossier SAMIR, qui implique des risques et enjeux sociaux, financiers, géopolitiques et diplomatiques d’ampleur mondiale, ne permet aucun amateurisme dans la gestion de cette affaire relevant de la sécurité nationale du pays.

Raison pour laquelle le nom du géant saoudien Aramco circule également, de pair avec celui de l’opérateur public chinois, ce dernier étant le mieux placé pour reprendre la raffinerie seul ou dans le cadre d’un consortium sino-saoudien. D’ailleurs, la Chine est un partenaire-clé de Ryadh dans le processus de privatisation d’Aramco, objet même de la visite du Roi Salmane Ben Abdelaziz en mars dernier à Pékin, et de celle, actuellement, de Khalid Al-Falih, ministre saoudien de l’énergie, de l’industrie et des ressources minières qui se trouve en Chine pour sceller une collaboration de très longue durée.

Le partenariat stratégique entre le Maroc et la Chine a connu une forte accélération ces derniers mois avec principalement trois projets d’envergure internationale : 1) Le méga projet de la Cité Mohammed VI Tanger-Tech, le plus grand du genre en Afrique ; 2) L’alliance stratégique en RDC entre Managem et le groupe chinois Wanbao Mining ; 3) Le projet du siècle, le Gazoduc Africain Atlantique entre le Nigeria et l’Europe via le Maroc dans lequel Pékin joue un rôle majeur.

D’ailleurs, le lancement imminent par le Roi Mohammed VI de ce projet pèsera, de facto, sur l’issue de la liquidation de la Samir annoncée pour lundi (15 mai), car elle permettra d’ouvrir des marchés considérables pour la raffinerie, sans oublier que la construction du pipeline, en plus de la politique de diversification des ressources énergétiques voulue par le souverain, verrouillera  inéluctablement le volet de la sécurité énergétique du pays et participera à l’indépendance et à l’autosuffisance du royaume dans ce secteur.

Abdellah El Hattach

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