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La dépouille du général Sanjurjo, fondateur de la ville moderne d’Al Hoceima, transférée à Melilla

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C’est dans le secret le plus absolu que le 23 mars dernier ont été transférés les restes du général José Sanjurjo de la crypte de Pampelune au cimetière militaire de la ville de Mellilia occupée. Le nom du général Sanjurjo est très lié à l’histoire contemporaine du Maroc. C’est lui qui dirige, en 1925, le débarquement des forces espagnoles à Al Hoceima. La ville prendra son nom –Villa Sanjurjo- jusqu’à l’indépendance du Maroc. Après la fin de la Guerre du Rif et la reddition de Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi, le général Sanjurjo devient haut commissaire au Maroc sous protectorat espagnol. Il est promu ensuite lieutenant général –un des grades les plus élevés de l’armée espagnole-, et le roi Alphonse XIII lui concède le titre de «marquis du Rif».


Ennemi juré de Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi, le général Sanjurjo, surnommé également El León del Rif -Le lion du Rif-, dont le corps reposait depuis 1936 dans une crypte de sa ville natale, Pampelune, est un héros pour les uns, un criminel de guerre pour les autres. L’Espagne n’ayant toujours pas réussi à dépassionner le débat sur sa douloureuse histoire franquiste.

Et c’est justement à cause de cette controverse qui ne finit pas de susciter les passions dans le pays, que plusieurs lois ont été votées pour «la reconnaissance (…) et la réparation morale des citoyens» victimes de la répression après le coup militaire de 1936. Sur la base de ces ordonnances, la mairie de Pampelune a décidé en novembre 2016 d’exhumer les restes du général Sanjurjo du Monument aux morts de la ville et de les remettre à sa famille sans l’accord de celle-ci qui estime que le général est un héros national.

Face à une polémique naissante et grandissante, les autorités de Madrid ont trouvé une solution intermédiaire. Le cercueil du général Sanjurjo quitterait l’enceinte du Monument aux morts de Pampelune, mais serait enterré, avec les honneurs militaires qui correspondent à son statut de héros de guerre. Le choix s’est fait sur Melillia car c’est de là qu’a débuté, aux côtés de Franco, son épopée pour la prise du pouvoir. Dans les rangs de l’armée, on l’appelle El Salvador de Melilla –le sauveur de Melillia- pour son rôle majeur dans la conservation de la ville aux mains des troupes espagnoles alors qu’elle était à une portée des hommes de Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi après la bataille d’Anoual.

L’Etat-major des armées espagnoles, prenant en compte les états de service du général Sanjurjo, en tant que Commandant en chef des Regulares, Commandant en chef de Melillia, Haut Commissaire au Maroc espagnol, Directeur général de la Guardia Civil, et détenant deux Croix de Guerre, a autorisé son inhumation au Pabellón de Héroes de Regulares del Cementerio de Melilla.

Né en 1872 à Pampelune, fief de sa famille, le général Sanjurjo aurait été le vrai patron de l’Espagne si ce n’est le destin qui en a voulu autrement suite à l’accident d’avion de 1936 dont il a été victime.

En effet, quand en février 1936, le Front populaire espagnol remporte les élections générales, il suscite rapidement une vive hostilité dans les secteurs traditionalistes de la société espagnole. Moins d’un mois après, en mars 1936, cinq généraux Emilio Mola, Francisco Franco, Joaquín Fanjul, José Enrique Varela et Luis Orgaz Yoldi, et Valentín Galarza Morante se réunissent et s’accordent pour confier le commandement suprême des opérations au général Sanjurjo, qui accepte après un entretien avec un émissaire envoyé par Emilio Mola.

José Sanjurjo rejoint très jeune l’armée, et il avait moins de 24 ans en 1896 quand il participe à la guerre contre les États-Unis à Cuba, puis rejoint l’armée espagnole au Maroc à partir de 1909 et participe en 1921 à la reconquête de Melilla après la débâcle d’Anoual.

En 1923, Sanjurjo est gouverneur militaire de Saragosse au moment du coup militaire de Primo de Rivera qu’il appuiera sans réserve.

Jusqu’à aujourd’hui, les habitants d’Al Hoceima désignent leur ville par «Biya», c’est-à-dire «Villa [Sanjurjo]».


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