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Fouzi Lekjaa, ce fonctionnaire fantôme

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Depuis plus de six ans, il dirige l’un des départements les plus importants de l’administration marocaine, la direction du Budget. Une direction qui joue un rôle central dans la politique des stratégies sectorielles de l’Etat et s’occupe du pilotage de l’ensemble des finances publiques du pays. Fouzi Lekjaa, le directeur du Budget, est donc responsable de l’architecture du budget de l’État par la voie des négociations avec les différents ministères et réalise, entre autres analyses des enjeux financiers des politiques publiques, des prévisions sur les évolutions des dépenses et des recettes publiques. A la tête de plusieurs centaines de cadres supérieurs, et grand spécialiste des montages comptables les plus complexes, il est le véritable numéro 2 du département de l’Economie et des Finances vu l’importance stratégique de la direction qu’il chapeaute depuis 2011. Mais tout ça demande un engagement à temps plein. Sauf que depuis le mois d’avril 2014, Fouzi Lekjaa est totalement pris dans la spirale du football marocain après avoir été porté à la présidence de la FRMF.

Quand on est directeur du Budget, on n’a plus le temps à quoi que ce soit d’autre. C’est l’équivalent d’un directeur des affaires générales au ministère de l’Intérieur ou d’un directeur des affaires criminelles au ministère de la Justice, ça n’arrête jamais et la machine a besoin constamment d’un patron, d’un chef d’orchestre, parce qu’on est régulièrement sollicité et à tous les niveaux. Et une journée de 24h ne suffit plus.

Depuis maintenant trois ans, le directeur du Budget, Fouzi Lekjaa, passe entre 95 et 100 jours par an au service de la Fédération de football. Soit près du tiers du temps qu’il devrait consacrer annuellement au service public dont il a la responsabilité.

Fouzi Lekjaa est fonctionnaire de l’Etat, il est donc assujetti aux termes des lois et règlements en vigueur dans la fonction publique. Et ses absences répétées à son poste au ministère de l’Economie et des Finances posent un vrai problème juridique et administratif et constituent un handicap à la bonne marche de l’administration.
Puise-t-il ses nombreuses absences à la direction du Budget qu’il dirige de son quota de congé annuel ? C’est fort probable, mais selon les dispositions du Dahir n° 1-58-008 du 24 février 1958 et la Circulaire n° 5-11-FP du 5 juin 2011 la durée du congé annuel est fixée à 22 jours ouvrables par année. Comment justifie-t-il donc les autres jours où il est absent de son bureau ? Qu’en pense son patron Mohamed Boussaid ?

Selon la loi, «le fonctionnaire est réputé en activité lorsqu’il exerce effectivement les fonctions de l’un des emplois correspondants dans l’administration où il est affecté.» Fouzi Lekjaa peut opposer à cette séquence le fait qu’il soit éventuellement mis à disposition, ou bénéficiant d’un congé administratif exceptionnel, ou d’un congé pour raisons de santé, ou d’un congé sans solde, ou de la décharge de service pour l’exercice d’une activité syndicale etc. Mais le directeur du Budget n’est dans une aucune de ces situations.

On sait aussi que des congés exceptionnels ou des permissions d’absence peuvent être accordés à plein traitement aux fonctionnaires recevant un mandat public, mais limités dans le temps et l’espace. Et la présidence de la FRMF ne rentre pas dans le cadre des mandats publics, car il s’agit d’une association, et pour les fonctionnaires, il est interdit d’exercer une mission associative durant les jours et heures de travail réglementaires.

Il s’agit donc de la part de Fouzi Lekjaa d’un grand manquement aux dispositions de la loi marocaine.

Il ne s’agit pas pour le président de la FRMF de sa première violation de la loi. Il y a quelques mois, sa villa sise à Temara était l’objet d’un cambriolage. Plus de 1 million de dirhams en devises ont été dérobés. Que faisait un montant aussi important dans la maison secondaire de Fouzi Lekjaa ? Détenir des devises en liquide chez soi à la maison est formellement interdit par la loi marocaine. Comment l’explique-t-il, lui, le directeur du Budget, garant du moindre centime de l’argent public ? Qu’en pense son patron Mohamed Boussaid ?

Serait-il couvert par son ministre ? C’est ce qu’avancent les mauvaises langues qui croient savoir que si Lekjaa n’est pas inquiété c’est à cause de son appartenance au RNI, aussi parti de Mohamed Boussaid. Mais il est de notoriété publique que le cœur de Lekjaa est partagé entre RNI et PAM : l’un pour des raisons pragmatiques et l’autre pour des raisons affectives. Rien qu’à voir l’étiquette politique des membres du Bureau de la FRMF qu’on comprendrait l’allégeance des uns et des autres. Il faudra donc aller chercher les raisons de cette impunité ailleurs !

LE1

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