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Ali Bongo malade, la situation au Gabon est confuse et inquiétante

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L’état de santé d’Ali Bongo ne rassure pas. Le président gabonais, 59 ans, hospitalisé à Riyad depuis le 24 octobre dernier, 24 heures après avoir participé à un forum international saoudien sur l’investissement, a subitement disparu des radars et son absence prolongée a suscité les rumeurs les plus folles. Rumeurs amplifiées par le silence assourdissant de Libreville et le black-out des services de communication de la présidence de la république. Grand ami du Maroc, Ali Bongo, à l’instar de son défunt père Omar Bongo, a fait de son pays un allié incontournable et inconditionnel du royaume au sein de la famille africaine.

Les services du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale ainsi que ceux relevant du renseignement extérieur suivent sans aucun doute la situation au Gabon, heure par heure, minute par minute, car tout changement de pouvoir dans cette partie du monde et dans ce pays en particulier aura des répercussions non négligeables sur nos intérêts dans cette région d’Afrique, et même des soubresauts à Addis-Abeba, siège de l’Union africaine, où le Gabon de Bongo est le meilleur avocat du Maroc.

Rétrospective. Le 28 octobre, la présidence avait parlé de « malaise ». Et des médias avaient parlé de paralysie suite à un accident vasculaire cérébral, et que Ali Bongo se trouvait dans le coma et maintenu artificiellement en vie. D’autres n’ont pas hésité à carrément parler de son décès.

D’ailleurs le quotidien gabonais « L’Aube » a écopé d’une suspension de trois mois par la Haute autorité de la communication (HAC) pour avoir évoqué l’état de santé du chef de l’Etat sous le titre « Le Gabon en (très dangereux) pilotage automatique ». Le journal est allé jusqu’à demander au premier ministre gabonais d’investir la présidente du Sénat, Lucie Mboussou, pour assurer l’intérim de la présidence en cas de vacance du pouvoir.

La même HAC avait suspendu la diffusion de la chaîne de télévision camerounaise Vision 4 dans le pays pour avoir annoncé en direct le 31 octobre le décès de Ali Bongo.

Le jeudi 8 novembre, le conseil des sages du Parti démocratique gabonais (PDG), formation présidentielle, a appelé le gouvernement à communiquer judicieusement pour rassurer l’opinion sur l’état de santé d’Ali Bongo.

Le même appel a été lancé par un collectif composé d’anciens cadres et dignitaires de la république déçus par l’absence de communication de la part de la présidence, qui ont exigé du gouvernement de communiquer sans délai sur l’état de santé du président.

Finalement, la réponse est tombée ce dimanche après midi à travers un communiqué diffusé par le porte-parole de la présidence Ike Ngouoni Ayila Oyouomi, reconnaissant la gravité de l’état de santé de Ali Bongo, tout affirmant que le président est « en phase de recouvrement de la plénitude de ses facultés » citant l’équipe médicale qui veille à son chevet en parlant « d’un saignement justifiant une prise en charge médico- chirurgicale en secteur hautement spécialisé » ajoutant que son état de santé « s’est amélioré » et que les informations sont extrêmement rassurantes ».

Toutefois la presse gabonaise n’a pas hésité à parler de l’hypothèse de vacance du pouvoir et ce que prévoit la constitution. Les spécialistes évoquent notamment l’article 13 de la constitution et soulignent qu’« il appartient à la Cour Constitutionnelle de constater cet empêchement sur saisine du gouvernement, représenté par le premier ministre. Dès lors que l’empêchement est constaté, le Président du Sénat assure l’intérim, aux fins de conduire les affaires courantes de la Nation ; et, surtout d’organiser des élections anticipées ».

Défenseur du retour de Rabat à l’Union africaine, Ali Bongo est un soutien de poids concernant ’intégrité territoriale du Maroc, et son pays un partenaire économique de choix du royaume.

En cas de confirmation de la vacance du pouvoir, le Maroc risque de perdre un allié majeur de sa politique africaine en particulier, et étrangère en général. Car les différents profils qui meublent la scène politique gabonaise ne sont pas de véritables amis du royaume. Notre diplomatie a malheureusement tout misé sur le Parti démocratique gabonais, la formation au pouvoir, et ne s’est pas ouverte sur les autres partis d’opposition.

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