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1 million d’hectares agricoles : Le roi recadre Akhannouch

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Moins de 72 heures après le discours royal en ouverture du Parlement, et en marge de l’ouverture du Salon du Cheval d’El Jadida, à laquelle n’a assisté aucun membre du gouvernement, Aziz Akhannouch, dans un élan presque électoral, a promis monts et merveilles aux agriculteurs en leur annonçant la distribution d’1 million d’hectares de terres arables, altérant auprès de l’opinion publique le sens de la volonté royale de voir émerger une classe moyenne rurale loin de tout calcul politico-politicien. Après une mise au point sèche du ministère de l’Intérieur, c’est le roi Mohammed VI himself qui a tenu à recadrer le champs d’intervention de Aziz Akhannouch en lui demandant de repenser sa stratégie agricole de manière globale en intégrant les nouvelles orientations royales où la qualité de vie du petit agriculteur doit constituer un maillon central de cette stratégie.

Le Plan Maroc Vert dans son format actuel semble être caduc. C’est ce qu’on peut comprendre du communiqué du cabinet royal publié vendredi après l’audience accordée à Marrakech par le roi Mohammed VI au ministre de l’Agriculture Aziz Akhannouch. Le souverain a réitéré à cette occasion ses souhaits et ses ambitions de voir émerger un monde rural marqué par la création de nouvelles activités génératrices d’emplois et de revenus, essentiellement en faveur des jeunes.

Fait inédit, la veille, et dans une longue interview avec l’agence officielle MAP, le ministère de l’Intérieur a dû apporter quelques précisions sur cette question de distribution de terres agricoles et ce en dépêchant le gouverneur-directeur des Affaires rurales, Abdelmajid El Hankari, pour expliquer à l’opinion publique que l’opération est assujettie à une longue procédure juridico-administrative relevant du ministère de l’Intérieur, de la Conservation foncière et du ministère de la Justice. Autrement dit, il n’est pas question de distribuer 1 million d’hectares aux paysans comme l’a laissé entendre Akhannouch, mais plutôt en rendant plus accessible le foncier agricole à l’investissement productif par la mise à disposition progressive, au profit des ayants-droit, d’un million d’hectares de terres arables, comme l’a précisé le communiqué du cabinet royal dans ce qui ressemblait être une mise au point pour lever tout équivoque sur cette question sensible.

De plus, l’idée n’est pas de réitérer les modèles obsolètes de la Sogeta et la Sodea mais, comme l’a souhaité le roi Mohammed VI dans un exercice de recadrage de l’approche comprise et déployée par Akhannouch, d’encourager l’élargissement du champ de l’investissement agricole à toutes les catégories, tout en favorisant l’émergence d’une classe moyenne agricole.

Les propos peu précis de Akhannouch sur la manière et les modalités de bénéficier des terrains agricoles a poussé le gouvernement, lors de son conseil hebdomadaire tenu jeudi à Rabat et auquel n’a pas assisté le ministre concerné, d’aborder la question du secteur en soulignant l’importance d’intégrer les problématiques de l’emploi et ce dans la même optique tracée par le roi dans son discours devant le parlement ainsi que par le biais du communiqué du cabinet royal, à savoir la réduction des inégalités et la lutte contre la pauvreté et l’exode rural.

Afin de rattraper le coup, Aziz Akhannouch a été obligé de zapper le dernier conseil de gouvernement en réunissant d’urgence les différents acteurs du secteur pour tenter de ré-expliquer la vision royale.

Qu’adviendra-t-il du Plan Maroc Vert ? Du Fonds de développement agricole ? Allons-nous nous orienter vers un Plan Maroc vert 2.0 ou sommes-nous dans l’optique d’une véritable rupture ? Ce qui est certain, c’est qu’à travers ce recadrage, le roi Mohammed VI a mis un frein sec à toute tentative de récupération politicienne de ce dossier.

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